J’avais 8 ans,

Sur cette photo, j’ai huit ans.

Je suis entouré de mes sœurs. À cet âge-là, la danse a déjà commencé à entrer dans ma vie mais je suis encore loin d’imaginer tout ce qu’elle deviendra : un langage, un refuge, et une manière d’exister au monde. Je regarde cette image aujourd’hui avec une émotion particulière. Elle capture un moment d’innocence, un temps où tout est encore possible, où rien n’est écrit. Il n’y a pas de projection, pas de stratégie, seulement la présence à l’instant.

À huit ans, on ne choisit pas encore.
On reçoit, on observe, on ressent. On se construit dans les liens, dans la fratrie, dans les regards échangés, dans ce qui se dit et surtout dans ce qui ne se dit pas. Cette photo raconte un avant, un avant les départs, avant les scènes, avant les exigences du corps et de la discipline. Elle raconte un enfant qui n’a pas encore conscience des chemins qu’il empruntera, mais qui porte déjà en lui une sensibilité, une attention au monde, une manière d’être aux autres.

Avec le recul, je comprends que beaucoup de choses étaient déjà là.
La capacité d’adaptation. L’écoute. Le besoin de lien. Cette manière d’exister entre plusieurs espaces, plusieurs identités, sans jamais se réduire à une seule.

Aujourd’hui, en regardant cet enfant de huit ans, je ne cherche pas à réécrire son histoire. Je la reconnais simplement. Je reconnais ce qu’il portait sans le savoir, et ce qu’il est devenu. Cette photo n’est pas un souvenir figé, elle est un point d’ancrage. Un rappel que tout commence bien avant les choix conscients, bien avant les mots, bien avant la scène.