Pendant longtemps, ma vie s’est construite autour du mouvement, des scènes et des voyages. La danse était le centre, le point d’équilibre, le langage par lequel tout s’exprimait. Le corps avançait, porté par l’élan des projets, la nécessité de créer, la rigueur du travail quotidien. Les déplacements faisaient partie intégrante de ce rythme, comme une évidence, sans que je prenne toujours le temps de m’arrêter sur ce qu’ils impliquaient intérieurement.
Puis, à un moment précis du parcours, quelque chose s’est déplacé. Retrouver ma mère biologique a ouvert un espace jusque-là absent, longtemps contenu dans le silence et l’imaginaire. Ce lien, que je n’avais jamais pu inscrire dans le réel, est devenu présent, concret. Cette rencontre a profondément réorganisé ma vie. Elle a redonné une place centrale à la famille, déplacé certaines priorités et apporté un ancrage que je n’avais jamais véritablement connu.
Depuis ces retrouvailles, les voyages ne portent plus le même sens. Ils ne sont plus uniquement liés au travail, aux projets artistiques ou à la création, mais aussi à la nécessité de maintenir et de nourrir ce lien retrouvé. Chaque déplacement vers les États-Unis devient un temps suspendu, un moment de passage entre deux histoires qui se rejoignent enfin. Le mouvement reste, mais il s’inscrit désormais dans une temporalité plus consciente, plus habitée.
Ces retrouvailles ont transformé ma manière de regarder le monde. Elles ont déplacé mon rapport au temps, à l’attente, à la présence. Dans la danse comme dans la vie, je cherche aujourd’hui moins l’accumulation ou la démonstration que la justesse et la vérité de l’instant. Ce lien retrouvé m’a appris que certaines choses ne se rattrapent pas, mais se vivent pleinement lorsqu’elles apparaissent. Cette conscience nourrit désormais mon rapport au corps, au mouvement et à la façon dont je choisis d’avancer, avec plus de clarté et de simplicité.