Un regard personnel sur l’exigence, l’altérité et l’ouverture.
Entrer à la School of American Ballet – École du New York City Ballet, a marqué un moment charnière dans mon parcours.
Pas seulement pour ce que représente cette institution, mais pour ce qu’elle m’a obligé à déplacer en moi.
New York est une ville qui ne ménage pas. Tout y est plus grand, plus rapide, plus frontal. La danse n’y échappe pas. Le niveau d’exigence est constant, le regard posé sur le corps est direct, sans détour. Il n’y a pas d’espace pour la complaisance, mais une invitation permanente à se situer, à s’ajuster, à s’affirmer.
À l’American Ballet, j’ai découvert une autre relation à la discipline. Une rigueur absolue, mais portée par une diversité de corps, d’origines, de parcours. Là-bas, l’excellence ne se confond pas avec l’uniformité. Elle cohabite avec des identités multiples, des sensibilités différentes, des histoires singulières.
Cette expérience a profondément élargi mon regard. Elle m’a appris que la danse classique pouvait être à la fois exigeante et ouverte, codifiée et profondément vivante. Que la tradition n’était pas un cadre figé, mais un langage en constante évolution.
À New York, j’ai aussi compris l’importance de la place que l’on occupe.
Il ne s’agissait pas d’imiter, ni de se fondre, mais de trouver comment exister pleinement, avec ce que l’on est, dans un environnement qui pousse chacun à donner le meilleur de lui-même.
L’American Ballet n’a pas été une parenthèse.
Il a été un révélateur. Un espace où se sont clarifiées certaines convictions : la nécessité de rester ouvert, curieux, et profondément engagé dans son identité, même — et surtout — face à l’exigence la plus élevée. Ce passage à New York a laissé une trace durable.
Il continue d’influencer ma manière de danser, de transmettre, et de regarder le monde.